Lorsque Marie Dupont s’est vu proposer son premier emploi, elle l’a accepté car il lui permettait de voyager et d’apprendre. Au cours de sa carrière, elle s’est concentrée sur d’autres questions, comme le salaire. Toutefois, elle constate aujourd’hui que les choses changent : les nouvelles générations recherchent des valeurs telles que la flexibilité, le bien-être et la finalité lorsqu’elles choisissent leur lieu de travail. C’est pourquoi cette diplômée en administration et gestion des affaires dirige désormais le Centre pour la santé, le bien-être et le bonheur de l’université. Créé en 2019 par des experts de renom , le centre a pour mission de fournir aux étudiants et aux anciens élèves des “compétences pratiques, simples et durables pour leur permettre de s’épanouir au milieu des nombreux défis auxquels ils sont confrontés tout au long de leur vie”.
Ses piliers : le corps, l’esprit et l’âme, qu’ils identifient respectivement à la santé, au bien-être et au bonheur. Cela se traduit par l’introduction de techniques fondées sur des données probantes dans tous les aspects de la vie universitaire. Qu’il s’agisse d’intégrer la pleine conscience au début des cours ou d’organiser des ateliers spécifiques sur la manière d’améliorer la pleine conscience, ou encore d’activités de sensibilisation telles que des ateliers et des podcasts.
Marie est en poste depuis la fin de l’année 2020 et se décrit comme une “adepte des émotions positives”, telles que la gratitude et la gentillesse. Elle les intègre dans sa vie quotidienne, tout en prenant soin de son corps et de son esprit, notamment par l’exercice et la nutrition. Elle sait qu’elle n’a pas tout compris. Son principal défi : sa relation avec le monde numérique, notamment avec son téléphone portable. C’est quelque chose qu’elle partage avec ses étudiants, comme elle nous le dit dans une interview.
Question : L’anxiété, le stress et la dépression sont en hausse dans la société, surtout parmi la génération Z, qui est celle de vos étudiants. Que rencontrent ils ?
Réponse : “Nous voyons qu’il y a beaucoup de pression externe et interne. Nous les comparons beaucoup à notre époque, mais bien sûr : nous n’avions pas la distraction de la technologie ! Ce que nous essayons d’encourager, c’est, de manière proactive, la façon dont nous pouvons sensibiliser les gens à la relation que nous entretenons avec la technologie. Il s’agit également de soulever l’objectif : “Qu’est-ce qui est important pour moi ? Et puis aider à gérer les émotions et le temps pour pouvoir se concentrer et travailler sur ce qui est vraiment important.
Question : La capacité d’attention est une compétence de plus en plus recherchée. Cependant, la capacité de concentration des millennials est de 9 secondes, selon les ingénieurs de Google. Comment formez-vous vos étudiants dans ce domaine ?
Réponse : Nous travaillons sur la respiration en classe, par exemple, car c’est un moyen de reconnaître de nombreux sentiments et émotions, comme l’anxiété. Respirer pour pouvoir se reconnecter, se calmer, et ainsi mieux se concentrer.
Question : Outre la promotion de la respiration et de la pleine conscience, que faites-vous d’autre ?
Réponse : “Nous avons également des cours spécifiques sur l’attention, sur la gestion de l’énergie. Par exemple, nous expliquons ce qu’est le multitâche et comment il nous rend moins efficaces et moins productifs. Un autre moyen est de savoir quelles sont les habitudes que nous avons qui reconstituent nos ressources d’attention. Le repos, le mouvement, ce que nous mangeons ou le fait d’être dans la nature sont des éléments qui aident, ainsi que la pleine conscience. Vous pouvez entraîner votre esprit et être présent.”
Question : Que se passe-t-il quand on leur fait fermer les yeux et qu’ils commencent à respirer ?
Réponse : La première fois que vous le dites, il arrive qu’ils ouvrent de grands yeux étonnés, mais ensuite ils le font et ils voient l’impact immédiat sur leur tête, leurs émotions, leur corps, et ils aiment ça. Nous l’avons essayé avec des élèves de première année, dans les programmes exécutifs et avec les parents. Tout le monde accepte le défi (…) et alors l’atmosphère dans la classe change. C’est une atmosphère plus lente, plus calme, plus concentrée.
Question : Donc c’est quelque chose qui reste dans la salle de classe ?
Réponse : Cet outil peut être utilisé à tout moment, par exemple avant de commencer à étudier. Apprendre nous fait sortir de notre zone de confort et souvent, avec des capacités d’attention limitées, nous abandonnons ou remettons à plus tard. [Si nous respirons] nous pouvons nous sentir à l’aise, nous concentrer, aller de l’avant.
Question : Que pensez-vous de ce fossé intergénérationnel évident ?
Réponse : C’est très difficile de donner une opinion et on ne peut pas juger, parce que nous sommes nés à une époque différente. Chaque génération voit le monde d’une manière différente. Ils ont des défis différents, ils vivent à des époques différentes et ils voient le monde d’une manière totalement différente. Ce que nous devons faire, c’est les aider à être la meilleure version d’eux-mêmes.
Question : Et comment faites-vous ?
Réponse : Au centre, nous travaillons sur trois piliers qui favorisent le bien-être : équilibre, appréciation et perspective. Dans un monde numérique où tout est immédiat (…), il faut comprendre que certaines choses demandent des efforts. Un arbre ne pousse pas du jour au lendemain : comment pouvons-nous l’entretenir pour qu’avec le temps, nous voyions les avantages à suivre le chemin ?
Question : Vous plantez donc la graine d’une culture d’entreprise plus saine à l’avenir ?
Réponse : Absolument. Si nous parvenons à cultiver cet équilibre dans nos études, des habitudes qui nous permettent de vivre de manière saine, d’avoir un bon état de santé physique, mentale et émotionnelle, cela aura une influence positive sur les décisions qu’ils prennent et sur les entreprises.